Pourquoi les universités sont-elles gagnées par les manifestations pro-palestiniennes ?

Pourquoi les universités sont-elles gagnées par les manifestations pro-palestiniennes ? Des dizaines d'étudiants pro-palestiniens de l'université Sciences Po Paris ont occupé un bâtiment de leur établissement jeudi soir, au lendemain d'une première manifestation. La mobilisation se poursuit ce vendredi 26 avril.

Le mouvement prend de l'ampleur. Plusieurs dizaines d'étudiants pro-palestiniens se sont mobilisés dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 avril pour occuper un bâtiment de l'université Sciences Po Paris, rapporte BFMTV. Entre 50 et 70 étaient attendus jeudi soir selon les estimations des militants du comité Palestine Sciences Po rapportées par l'AFP. La mobilisation se poursuit ce vendredi 26 avril. Les étudiants présents cette nuit ont été rejoints par une vingtaine de personnes à l'extérieur du bâtiment de Sciences Po qui bloquent l'entrée de l'établissement. Les cours ont été annulés ce vendredi.

Jeudi soir, dès 21 heures, une fois les grilles de la célèbre université fermées, des dizaines d'étudiants se sont réunis dans la rue, encourageant leurs camarades restés à l'intérieur après le vote d'une nouvelle nuit de mobilisation décidée au cours d'une assemblée générale. Dans le calme, les étudiants ont alors entonné plusieurs chants en faveur de la Palestine. Tous réclament une condamnation claire de la part de leur école des agissements d'Israël sur la bande de Gaza ou la fin des "collaborations" avec l'ensemble des "institutions ou entités" qui se rendent complices de "l'oppression systémique du peuple palestinien". Dans un communiqué de presse, la direction de l'école a indiqué ce vendredi condamner "fermement ces actions étudiantes qui empêchent le bon fonctionnement de l'institution et pénalisent les étudiants, enseignants et salariés de Sciences Po". La ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, elle, a de son côté regretté sur BFMTV un débat loin d'être "apaisé", expliquant que "des lignes rouges ont été franchies", alors même que les pourparlers avec une délégation d'étudiants mobilisés se poursuivent afin de trouver une issue à la situation.

Le mouvement s'intensifie

L'envoi des forces de l'ordre la veille n'a par ailleurs rien changé à la situation. "Le directeur a franchi une ligne rouge en décidant d'envoyer la police dans nos lieux d'études", a déclaré Inês Fontenelle, élue à Sciences Po de l'Union étudiante, rapporte 20minutes, arguant que la direction de l'établissement "doit prendre ses dispositions pour restaurer un climat de confiance". Organisé par le Comité Palestine de Sciences Po, le mouvement s'inscrit dans la lignée de ceux lancés au sein des universités américaines. "Il y a un double diplôme entre Science Po et Columbia (New York), donc on a des camarades là-bas et les étudiants communiquent entre eux", a expliqué l'un des membres du Comité, rapporte BFMTV. Et de poursuivre : "On se place dans la même ligne que ces universités partout dans le monde." Sur place, aux États-Unis, les arrestations se succèdent à l'université de Columbia, de Yale ou de New York.

En France, le mouvement, lui, s'intensifie et se propage à d'autres universités parisiennes. C'est le cas notamment à Paris 1, où jeudi 25 avril, 150 à 200 étudiants ont manifesté place du Panthéon à l'occasion d'un déplacement du président Emmanuel Macron à la Sorbonne pour un discours sur l'Union européenne. "On refuse que Macron vienne tranquillement à la Sorbonne dans un moment où il y a un génocide en Palestine", a ainsi expliqué Lorélia Fréjo, membre de l'organisation étudiante Le Poing Levé Paris 1.

Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan prennent position

La mobilisation des étudiants en faveur de la Palestine a suscité plusieurs réactions de soutien de la part de politiques, notamment à gauche. C'est le cas de Jean-Luc Mélenchon, qui, depuis Erevan en Arménie où il est actuellement en déplacement, a tenu à adresser "le salut le plus reconnaissant et le plus admiratif" pour le travail engagé par les jeunes en occupant ce lieu symbolique. Rima Hassan, la candidate La France insoumise aux prochaines élections européennes a quant à elle indiqué sur X (ex-Twitter) qu'elle allait rejoindre sur place le mouvement dans la journée en signe de solidarité.